La Revue de La Céramique et du verre
n 263
Barbara Léon Leclercq, exposition Oiseaux de nuit à la Condition Publique
par Maïlys Celeux-Lanval
“Faisant écho à la manifestation artistique lille3000 autour du thème de la “fiesta”, la Condition Publique convie dix plasticiens à raconter leur sens de la fête. Parmi eux, la jeune céramiste Barbara Léon Leclercq (née en 1997), formée à la Cambre de Bruxelles et l’école des Beaux-arts d’Athènes, présente quatre sculptures, installées aux coins des murs et en haut de l’une des cimaises. Sombres et brillantes à la fois, celles-ci prennent la forme de pattes griffues qui grimpent sur les parois comme de la vigne vierge. “Les lignes sont un continuum visuel qui traverse mon travail et se prolonge dès lors que de nouvelles formes apparaissent, écrit la céramiste dans le texte qui accompagne l’oeuvre. En traçant des lignes du sol au plafond, s’élabore une filature éreintante : manger ou être mangé.” Car elles s'enchaînent comme des bestioles qui s’entre-dévoreraient, les sculptures pouvant être appréhendées “comme des trames narratives complexes qui se contredisent, déroulent des version alternatives du même scénario”. Intrigantes, aussi menacantes que des pattes d’araignée, ses sculptures revêtent selon elle un double sens puisqu’il s’agit en réalité de chiens, “une figure protectrice”. Elle n’a pas choisi la céramique par hasard, mais parce que “le modelage permet d’élaborer des formes complexes, fondues entre elles, comme de véritables chimères”. Le rapport avec la fête est à chercher du côté de la nuit et des troubles qu’elle crée, entre menace et protection, séduction et répulsion.
photo : Nicolas Dewitte
Figaro
“Une ville en liesse pour le lancement de Lille3000 et nos 5 coup de coeur”
par Valérie Duponchelle
Online
Shadowplay magazine
Portrait
Online
Art Viewer
Phenomena
Online
Revue Point Contemporain
n 29
mai 2023
Emergent magazine
Review “The futur in a fossil”
2022
Online
KUBAPARIS
Review “The futur in a fossil”
Online
OFLUXO
Review “The futur in a fossil”
Online
Centre Wallonie Bruxelles
“L’anticipation d’un futur”
400 exemplaires
Septembre 2022
Responsible editor : Stéphanie Pécourt, director
Graphic design : Aurélien Farina, Sarah Niang
photo : Pierre Toussaint and Vincent Everarts
typo : Knockout and Cardinal
paper : Arena Rough 120g and Creator Star 150g
print : on Nexe presses, Barcelona
and
Online Review
“Les ateliers des artistes sont la fabrique du futur. Le récit de l’exposition s’est construit à partir de rencontres fécondes avec les plasticien.ne.s sélectionneé.e.s pour le projet, dans l’intimité de leur espace de travail, au cœur de leur laboratoire d’expérimentation, nous dévoilant pour notre plus grande joie leurs secrets de fabrication. Nous nous rendîmes à plusieurs reprises à Bruxelles et ces stimulantes missions nous offrirent l’occasion d’organiser ces échanges fructueux, minutieusement préparés par Valérie et Daniel, suivant le fil d’entretiens étayés et approfondis, enregistrés. Le choix des œuvres fut l’objet de réflexions partagées, de regards réciproques, de débats d’idées passionnants, préfigurant les germes de l’écriture et des narrations de l’exposition.
Les commissaires proposent aux visiteur.trice.s de cheminer dans un parcours pensé comme un cycle qui raconte le renouveau d’un monde selon trois phases. La première, nous confronte aux affres d’un monde menacé d’effondrement, jonché de ruines, aux relents post-apocalyptiques, entremêlant passé, mémoire et écueils guettant notre présent, mais laissant entrevoir la nécessité du soin, de la réparation. La deuxième étape fait surgir une cosmogonie nouvelle, à travers un corpus d’œuvres explorant les possibilités de la lumière, traduisant force, énergie, dynamisme tandis que s’esquisse progressivement dans une phase ultime l’aube d’un monde nouveau.
Cimetières d’objets technologiques fossilisés, formes archaïques de notre modernité, de l’ère industrielle et du capitalocène, rebuts organiques, à l’entropie de sculptures hybrides aux réminiscences archéologiques. Ode aux ruines. Des corps à réparer, des traces de catastrophe, d’accidents, des êtres solitaires, mélancoliques, des créatures chimériques, à l’impératif de panser.
De nouveaux alphabets picturaux s’inventent, jouent avec les possibilités optiques de la lumière, des poèmes en morse sont à décoder alors que se dessinent de naissants espaces habitables, bien que fragiles. Des constructions recherchent leur équilibre dans la précarité, la nature résiliente foisonne tandis qu’une table de banquet nous rappelle la force symbolique de ce rituel de communion.
Sans prétendre livrer une quelconque connaissance sur l’avenir, les artistes nous projettent dans un futur envisagé comme un espace de possibilités, dans leur capacité à inventer, imaginer et à mettre à distance les déterminismes. Leurs œuvres éveillent nos consciences sur les maux de notre époque, révélant nos capacités d’adaptation aux incessantes mutations et la force d’une éthique de l’anticipation, vecteur d’espoir, de résistance et de réconciliation avec l’incertitude. Une façon de prendre soin du futur et d’influencer sa transformation.”
Ariane Skoda,
Responsable de la programmation Arts visuels